LE TERRITOIRE AGRICOLE : UN BIEN COMMUN À PRÉSERVER
Introduction
Dans le premier article de cette série, nous avons vu ce que représente un terrain en zone agricole et d’où provient le zonage au Québec. Aujourd’hui, allons plus loin.
La protection du territoire agricole n’est pas qu’une question de réglementation : c’est une question d’avenir collectif. Elle touche directement notre capacité à nous nourrir localement, à préserver nos paysages, à planifier notre développement et à renforcer la vitalité de nos régions.
La zone agricole permanente, créée par la Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles (LPTAA), est l’un des outils de planification territoriale les plus puissants dont s’est doté le Québec. Elle traduit une vision à long terme : assurer la viabilité économique d’une ressource rare et non renouvelable, tout en favorisant une planification territoriale équilibrée et durable.
Dans ce deuxième article d’une série de trois, voyons pourquoi la protection du territoire agricole est essentielle et comment chaque acteur, citoyen, élu, fonctionnaire, agriculteur et promoteur a un rôle à jouer dans cet équilibre.
Protéger le territoire agricole : une responsabilité collective
Chaque hectare de terre agricole compte. Le Québec ne dispose que d’environ 2 % de son territoire en terres cultivables, une ressource non renouvelable. Ces espaces soutiennent non seulement notre agriculture, mais aussi notre autonomie alimentaire, notre économie rurale et nos paysages identitaires.
Un pilier de la sécurité alimentaire régionale
Protéger le territoire agricole, c’est protéger notre capacité à nourrir nos communautés. Les crises économiques, sanitaires et climatiques récentes ont démontré la fragilité des chaînes d’approvisionnement mondiales. Miser sur une production locale résiliente et sur des chaînes courtes d’approvisionnement est devenu un impératif stratégique.
Le MAPAQ et la Politique nationale de l’architecture et de l’aménagement du territoire (PNAAT) rappellent d’ailleurs l’importance d’une cohérence entre aménagement du territoire et sécurité alimentaire régionale.
Cette vision est aussi portée par la Politique bioalimentaire 2018-2025 et la Politique de souveraineté alimentaire du Québec, qui reconnaissent la protection des terres agricoles comme une condition essentielle à un développement local et régional durable.
Des paysages et des communautés vivantes
La protection du territoire agricole contribue à la cohésion sociale et à la qualité de vie. Les champs, les fermes et les forêts privées façonnent nos paysages et notre identité collective.
Si la protection relève de la CPTAQ, la mise en valeur du territoire dépend largement des communautés locales. Celles-ci doivent sans cesse trouver un équilibre entre vitalité et préservation du territoire agricole, en misant sur la concertation régionale, la planification territoriale durable et l’innovation pour soutenir leurs milieux de vie.
Un équilibre entre développement et préservation
Protéger ne veut pas dire freiner le développement, mais plutôt le planifier intelligemment. L’objectif est d’assurer un équilibre entre les besoins de croissance et la préservation d’une ressource stratégique.
La concertation régionale et la mobilisation des acteurs deviennent alors essentielles pour faire émerger des solutions qui respectent la vocation agricole tout en soutenant des projets d’intérêt collectif.
Comment Mosaïque Stratégie aborde cette responsabilité territoriale
Protéger le territoire agricole, c’est avant tout un exercice de planification territoriale durable. Chez Mosaïque Stratégie, cette conviction guide chacune de nos interventions. Nous croyons que les décisions les plus durables naissent du dialogue et de la concertation. C’est pourquoi notre approche repose sur la mobilisation des acteurs et la création d’une vision commune du territoire.
Une approche fondée sur l’analyse et la concertation
En tant que médiateur-conseiller, nous accompagnons les municipalités, MRC, organisations régionales et promoteur dans leurs démarches d’analyse territoriale et de diagnostic territorial. Notre rôle est de traduire les contraintes réglementaires en leviers de développement, et d’aider les acteurs à faire converger leurs intérêts vers un aménagement du territoire durable.
Concrètement, cela se traduit par :
des diagnostics territoriaux pour les projets situés en zone agricole;
une mobilisation des acteurs locaux autour de projets d’utilité publique conçus dans le respect de la vocation agricole;
un accompagnement stratégique pour les MRC, municipalités et promoteurs souhaitant planifier ou adapter leurs projets selon les orientations de la CPTAQ;
une stratégie de concertation favorisant des décisions éclairées et partagées.
Protéger la zone agricole, c’est planifier avec intelligence : c’est comprendre que le territoire est une ressource commune qui exige dialogue, rigueur et vision à long terme.
Les bénéfices concrets d’une protection durable du territoire agricole
Le Québec s’est doté d’une législation forte pour protéger ses terres agricoles, parfois perçue comme contraignante, mais porteuse de bénéfices durables et tangibles.
Une agriculture viable et résiliente
Des zones agricoles bien protégées assurent la stabilité foncière et la prévisibilité nécessaire aux investissements agricoles. En sécurisant l’usage du sol à des fins agricoles, la LPTAA favorise la planification à long terme des entreprises agricoles et limite la spéculation foncière. Cette stabilité permet aux producteurs de moderniser leurs installations, de transmettre leurs fermes et d’assurer la viabilité économique du secteur agricole.
Une planification territoriale cohérente et prévisible
La protection du territoire agricole contribue à une planification territoriale équilibrée entre zones rurales et urbaines. Elle aide les MRC et municipalités à prendre des décisions cohérentes, à orienter le développement vers les bons endroits et à éviter la dispersion des infrastructures publiques (aqueducs, routes, services). Cette cohérence favorise une gestion efficiente du territoire et renforce la résilience économique des régions.
Une cohésion sociale et une qualité de vie renforcées
En préservant les terres cultivables, on protège aussi le cadre de vie : les paysages, la qualité de l’air, la proximité avec la nature et les liens communautaires.
Les exploitations de taille familiale y trouvent un environnement propice à la relève, consolidant le tissu social et économique local. Les citoyens bénéficient ainsi d’un territoire vivant, où le développement se fait dans le respect du patrimoine collectif.
Ces bénéfices ne sont pas abstraits : ils se traduisent par des territoires mieux planifiés, des collectivités plus stables et une économie locale plus forte. Et au-delà de ces effets directs, la protection du territoire agricole génère aussi de nombreuses externalités positives, sociales, environnementales et économiques, que nous explorerons dans le prochain article.
Conclusion
La protection du territoire agricole n’est pas un obstacle au développement : c’est une assurance collective que le Québec c’est doté pour l’avenir. Elle garantit que les décisions prises aujourd’hui soutiendront encore nos communautés dans cinquante ans.
Protéger, planifier et concilier : voilà les trois piliers d’un aménagement du territoire durable au Québec. Cette responsabilité repose sur l’ensemble des acteurs, citoyens, élus, agriculteurs et organisations, qui font vivre nos régions et façonnent nos paysages.
Vous avez un projet en tête ?
Vous souhaitez amorcer une discussion stratégique sur la protection et la planification du territoire agricole dans votre région ? Mosaïque Stratégie accompagne les municipalités, MRC et organisations régionales dans leurs démarches de concertation régionale, d’analyse territoriale et de développement local et régional.